• Au mois de juin, je suis partie au Maroc avec de la famille. Durant un peu plus d'une semaine, j'ai parcouru le pays du centre au sud (de Marrakech à Sidi Ifni), des montagnes à la côte. Je ne pensais pas qu'un tel dépaysement était possible à moins de deux heures d'avion.

    Le changement était déjà brutal à l'arrivée à Marrakech : tout d'un coup il faisait 40°C, et tout était différent. Marrakech est l'une des villes les plus importantes du Maroc ; on y trouve la célèbre place Jemaa El Fna, peuplée à toute heure de ses marchands, chanteurs, cascadeurs, danseurs et mendiants - c'est également sur cette place qu'a eu lieu un attentat en 2011, ciblant à la bombe le café l'Argana. Marrakech est une ville bruyante, jamais réellement endormie, où les sens sont sans cesse sollicités. Face aux devantures du souk regorgeant de bijoux et de poteries, il faut prêter l'oreille - ou pas, c'est parfois la meilleure solution - aux marchands qui vous apostrophent tout en évitant les scooters qui filent à toute allure dans les ruelles zigzagantes de la médina. 

     

     

    Mais Marrakech n'est qu'une des nombreuses facettes du Maroc : en quelques heures de route, la ville est loin et les sommets du Moyen-Atlas se dessinent. Nous nous sommes rendus à Aït Bouguemez, minuscule village berbère perdu dans la "Vallée Heureuse" ; pas de wi-fi, pas de réseau, et pour l'immense majorité des habitants, pas d'eau courante ni d'électricité. Petit rappel des réalités garanti. Les femmes lavent le linge dans la rivière et travaillent avec les hommes dans les champs, dotés d'un système d'irrigation complexe. Les paysages de cette région sont magnifiques : tandis que la vallée verdoyante s'étend aux pieds des montagnes, à leurs sommets ocres sont juchés d'anciens agadir (greniers). Visiter les alentours d'Aït Bouguemez donne aussi à voir la culture berbère, qui se libère peu à peu de l'oppression arabe. 

     

     

     

     

    Nous avons ensuite roulé jusqu'à Essaouira, ville portuaire et très touristique. Le contraste entre l'opulence dynamique d'Essaouira et le quasi-abandon des villages des montagnes permet de saisir une partie des différentes nuances du Maroc. Essaouira est une ville magnifique ; si vous y allez, je vous conseille de faire un tour le matin dans le marché aux poissons, sur le port. Cela permet de sortir un peu de la médina, dont les rues sont presque uniquement peuplées de boutiques et de touristes, et de voir les pêcheurs revenir au port et disposer leurs poissons tout en chassant les (nombreux) chats errants. 

     

     

     

     

    Nous sommes ensuite descendus au sud, à Sidi-Ifni, à une heure et demie d'Agadir. Sidi Ifni est une petite ville balnéaire beaucoup plus calme qu'Essaouira. Les touristes n'y sont pas nombreux, et la vie y est paisible. Du fait du temps qui semble s'être ralenti, on peut pleinement goûté au savoir-vivre marocain. C'est en effet l'un des éléments qui m'a le plus marqué au Maroc : les gens sont chaleureux. Avenants. Cordiaux. Et il ne faut pas le voir comme une tactique commerciale : les marocains sont gentils, ils ont la conversation facile. En est pour preuve que le conducteur d'une voiture 5 place nous a fait monter à bord alors qu'elle comptait déjà quatre passagers et qu'il faisait atrocement chaud.

     

     

     

    Sidi Ifni est une ancienne colonie espagnole, et elle en a gardé des vestiges d'architecture Art Déco. Si la plage de Sidi Ifni est agréable, celle de l'Egzira - accessible en vingt minutes de bus - est plus renommée : on y trouve du sable fin, et cette sculpture de roche naturelle qui la caractérise. Sidi Ifni offre un compromis entre l'euphorie épuisante des villes marocaines touristiques, telles que Marrakech et Essaouira, et le calme abandon des bleds. Sidi Ifni est également connu pour ses spots de surf. Si vous souhaitez y séjourner, je vous conseille la Maison Xanadu, qui propose des prestations de qualité sans dépareiller dans le paysage local et dont le gérant est francophone.

     

     

    Je conclurai cet article par un sujet un peu plus sensible : comment se passe un voyage au Maroc quand on est une femme ? On a tendance à dire que dans les lieux touristiques, les tenues "à l'occidentale" sont banalisées : à Marrakech ou à Essaouira, on voit nombre de femmes étrangères en short, débardeurs et sandales. Néanmoins, cela n'empêche pas certains regards réprobateurs ou aguicheurs, de la part des hommes comme des femmes marocaines. De manière générale, mieux vaut éviter les tenues moulantes et courtes si l'on ne veut pas se faire remarquer. Il faut également savoir qu'au Maroc, les femmes se promènent rarement seules et ne traînent pas dans les cafés et les rues à la nuit tombée. Il est bien sûr possible d'aller et venir seule, mais il faut s'attendre à se faire régulièrement alpaguer par des hommes, le plus souvent sur un mode très cordial et bon enfant mais souvent insistant. La condition des femmes est en pleine évolution au Maroc, où le roi Mohammed VI a engagé plusieurs réformes, notamment contre le mariage forcé ; mais, comme on dit, les traditions évoluent moins vite que les lois. Cela n'empêche pas le Maroc d'être doté d'un patrimoine culturel extrêmement riche, et d'un art de vivre semblable à nul autre.

     

     


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