• Emmanuel B. Courau, couturier d'histoire

     

    Emmanuel B. Courau est un féru de mode et d'histoire ; il a lié ses deux passions en créant des costumes d'époque. Penché au-dessus de sa machine à coudre, dans l'atelier qu'il a aménagé à son image, il nous parle de ce milieu particulier qui réunit couturiers, conservateurs de musées et amoureux de crinolines.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Peux-tu te présenter ?

     

    Je m'appelle Emmanuel Courau et j'ai 25 ans. Je suis tailleur et costumier, spécialisé dans l'histoire du costume et dans la création du costume d'époque, ainsi que dans ses accessoires : les perruques, les chapeaux, les postiches, corsets, broderies...

     

     

     

     

    D'où t'es venue cette passion pour le costume d'époque ?

     

    En fait tout a commencé pour un Halloween, j'avais 18 ans et je m'étais lancé dans un costume vaguement d'époque. Avant j'étais davantage passionné dans le mobilier d'époque ; ce sont deux intérêts, les costumes et le mobilier, qui sont liés, mais qui ont évolué différemment. Mes cours d'histoire ont joué un rôle très stimulant. Le point commun est de parvenir à créer un environnement cohérent et confortable, une atmosphère, comme le font les collectionneurs. J'ai toujours besoin de planter un décor, par confort et habitude. Chez moi, le mobilier, les porcelaines et les chandeliers sont tous datés entre 1740 et 1830, mais j'aimerais y ajouter des pièces de designers contemporains. Au final, ma passion des antiquités est presque devenue un mode de vie.

     

     

     

     

    Quelles sont tes inspirations ?

     

    Je suis toujours à la recherche de nouvelles gravures, de peintures, de pièces authentiques qui me donneront des idées. Je suis également très inspiré par certains films historiques, par des documentaires. A Paris, le Palais Galliera et le Musée des Arts Décoratifs sont des sources d'influences majeures pour mes costumes ; à Bordeaux, je visite régulièrement les antiquaires pour me donner des idées de mobilier, et de temps en temps le Musée des Arts Décoratifs et du Design.

     

     

     

     

    As-tu déjà hésité entre la création de pièces contemporaines et de costumes d'époque ?

     

    C'est un choix qui se propose toujours à moi, mais le costume tel que j'aime le faire est une niche dans laquelle la concurrence est moindre. Et puis c'est aussi ce que j'aime le plus faire. Je vais moins naturellement vers le contemporain, qui demande d'autres notions mais où la possibilité de création est tout aussi importante.

     

    Quelles techniques utilises-tu pour réaliser tes costumes ?

     

    J'essaye d'employer les mêmes techniques que dans le passé, pour obtenir des rendus similaires ; ces techniques, je les ai apprises en discutant avec des collectionneurs, des conservateurs de musée, des marchands de vêtements anciens, des costumiers... Mais malheureusement le budget des clients ne suit pas toujours ; d'ou l'intérêt de réaliser parfois des costumes plus simples et moins précis dans des matières moins naturelles,  mais j'y ajoute toujours des dentelles et des fourrures d'époque, pour donner un aspect authentique.

     

     

     

     

     

     

     

    Toi et les aficionados du costume d'époque, vous formez une communauté particulière ; comment vous rencontrez-vous ?

     

    Lors d'événements costumés, de rendez-vous, de reconstitutions, suivant la région. Les passionnés dans mon genre sont assez rares, et il n'y a pas de profil-type ; il y a mille et un chemins pour en arriver au costume d'époque. On fonctionne beaucoup au bouche à oreille. Il y a beaucoup à partager, mais peu de connaisseurs. Je remarque tout de même que le costume d'époque intéresse davantage les gens aujourd'hui.

     

     

     

     

    Peux-tu me parler un peu de ces événements costumés auxquels tu te rends souvent ?

     

    Ils sont organisés par des spécialistes de l'événementiel ; ce sont toujours des associations, des châteaux ou des musées qui veulent faire vivre le lieu et le remettre au goût du jour. En général, le XVIIIe siècle est privilégié car c'est un siècle qui fait fantasmer, avec ses Lumières, ses nombreuses découvertes, le film Marie-Antoinette et sa mode accessible. En dehors des événements se tenant dans des lieux publics, certaines associations organisent des reconstitutions ; ce sont des événements plus discrets, plus spécialisés et qui accueillent moins de monde.

     

    Quelle est ton époque préférée et pourquoi ?

     

    J'adore la fin du XVIIIe siècle, pour les raisons que je viens de citer, et puis pour l'élégance de cette période, l'atmosphère à la fois simple et travaillée qu'elle dégage, le paradoxe qu'elle propose, entre pauvreté et raffinement. J'aime aussi beaucoup le XXe, très moderne, où la société était encore enfermée dans un carcan vestimentaire mais où beaucoup de choses ont été créées.

     

     

     

     

    Comment gagne-t-on sa vie dans le milieu du costume d'époque ?

     

    On la gagne. Chacun sa spécialité : costume de théâtre, cabaret, corseter, ou comme d'autres costume d'époque, ou encore tout à la fois ! Ce sont des particuliers qui achètent des costumes d'époque sur-mesure, par passion. Pour une robe dite "à la française" du XVIIIe siècle, comprenant une chemise, un corset, des paniers, une crinoline, deux jupons, une jupe et un corsage, je touche entre 1 000 et 1 500€, selon les matières utilisées et l'ornementation ; mais je vends rarement des pièces complètes, à peu près trois ou quatre fois par an. Le plus souvent, des particuliers m'achètent des corsets et des perruques, ou des robes. 

     

     

     

     

    Parle-moi de l'atelier dans lequel tu travailles...

     

    J'ai d'abord travaillé chez moi pendant un an, mais c'était très fatigant d'avoir sans cesse de la poussière et du tissus dans mon habitat, et c'était difficile de gérer son temps. Je connaissais déjà l'Atelier Lipstick par l'amie d'une de mes collègues d'atelier ; j'ai rencontré l'une des filles qui quittait l'atelier à un vernissage, et j'ai décidé de m'y installer. Trouver un atelier partagé abordable n'est pas chose facile à Bordeaux, donc je n'ai pas hésité trop longtemps.

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 2 Juin 2017 à 16:49

    Original comme métier !

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