•                                                                                                                                                                        

    A l'occasion de son concert au Festival ODP dimanche soir, La Féline, alias Agnés Gayraud, a accepté de répondre à nos questions.

     

     

    La Féline : « rassurante et occulte »

     Photo : Adrien Bazoin

     

    Pourquoi ce nom, La Féline ?

     

    Il vient en fait du film en noir et blanc La Féline, du réalisateur français Jacques Tourneur, sorti en 1942. On le décrit comme un film d'horreur, mais c'est plutôt une œuvre psychanalytique : c'est l'histoire d'une femme hantée par la peur de se transformer en panthère et de dévorer les hommes autour d'elle. Je m'identifie assez à l'idée de métamorphose, au contraste entre la surface et la profondeur, à la dualité. C'est aussi un mot facile à retenir et à comprendre dans d'autres langues que le français.

     

     

     

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                                                                                                                       Photo du film La Féline

     

     

    Quelles sont vos inspirations ?

     

    J'en ai énormément. Je peux citer le dernier album de Nico, Desertshore ; les chansons sont très sombres, mais elles ont aussi un aspect berceuse qui me plaît beaucoup. De manière générale, je craque sur une mélodie ; c'est mon côté pop. Il y a également Leonard Cohen, qui démontre qu'on peut vieillir avec sa musique et garder une personnalité rock'n'roll. Adolescente, j'écoutais aussi énormément Kurt Cobain, et j'en ai gardé une empreinte.

     

    Comment définiriez-vous votre musique en quelques mots ?

     

    C'est toujours difficile. Les gens disent que ma musique est douce mais aussi « tripée ». Pour ma part, je la dirais mystérieuse ; à la fois rassurante et occulte.

     

     

     

     

    Que préférez-vous : composer ou jouer sur scène ?

     

    Ce sont deux phases très différentes que j'apprécie, mais c'est vrai que quand j'écris, je pense toujours au moment où je serai sur scène, où je m'adresserai à quelqu'un. Les moments scéniques qui se passent bien ont une intensité supérieure ; l'écrit est plus incertain.

     

    Vous êtes aussi chroniqueuse, et vous écrivez sur votre blog « Moderne, c'est déjà vieux ». Que voulez-vous dire par ce titre ? Vous trouvez notre époque « un peu fatiguée », comme vous le dites dans votre chanson Les Fashionistes ?

     

    C'est assez juste de rapprocher ces deux éléments... En fait ce qui m'amuse, c'est que le modernisme en musique est né dans les années 40, c'est déjà une catégorie ancienne qui a été récupérée par le jazz et la pop. Actuellement, il y a une passion pour le passé, une rétromania qui me fait un peu rire. Je trouve ça insupportable de tout conditionner par la modernité ; il faut être ouvert à ce qui se passe. Donc ce titre me permettait de dénoncer sans agressivité cet aspect de notre société : il ne faut pas se dire que tout a déjà été fait !

     

    Pourquoi appeler votre dernier album Triomphe ?

     

    Là encore, il faut le prendre un peu au second degré. On qualifie souvent ma musique d'indé ; et dans le milieu de la musique indé, les gens font assez profil bas, contrairement au milieu du hip-hop où les artistes s'autoqualifient de « queens » ou de « kings ». J'ai voulu leur emprunter un peu de cette attitude revendicative. Le mot « triomphe » est aussi lié aux dyonisies, les fêtes antiques qui célébraient le dieu du vin et du stupre ; le triomphe, c'était donc la traversée de la ville par les bacchantes. J'ai voulu faire un disque à cette image, extatique, très proche du corps.

     

     

     

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    Comment appréhendez-vous le public bordelais pour votre prestation au festival ODP ?

     

    Je l'espère bienveillant ; je joue en première partie, donc il va falloir conquérir le public, ce que je vais m'employer à faire ! (rires)

     

     

     

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    Les grandes dames du festival ODP

     

     

    Next était présent dimanche 5 juin sur le festival ODP, au Parc Peixotto de Talence. Au programme : La Féline, Imani et Jain en concert, et de nombreux foodtrucks et stands tenus par des pompiers volontaires.

     

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

     

    Sans surprise, le lieu avait été parfaitement aménagé, le parc se prêtant fort bien à ce genre d'événement. Le temps pluvieux n'avait pas découragé les 7 000 festivaliers, qui ont su enchaîner les pas de danse parapluie à la main. 

     

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

     

    Après la prestation éthérée mais néanmoins puissante de La Féline, Imani est arrivée au milieu de ses musiciens sur scène, pourvue de l'élégance de la simplicité. Elle a bien sûr régalé les festivaliers de ses tubes Don't be so shy et Silver Linings (Clap your hands), mais a aussi joué plusieurs reprises (dont Ready or not des Fugee). 

     

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

     

    Tout au long de la soirée, les animateurs et intervenants ont rappelé l'aide apportée par le festival aux orphelins des sapeurs-pompiers de France, remerciant les artistes, le public et les 350 bénévoles appartenant à la Communauté des Sapeurs Pompiers de Gironde. 

     

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

     

    Quand Jain est montée sur scène, il s'était arrêté de pleuvoir depuis déjà plusieurs heures. Bien consciente de l'impact international qu'a eu son tube Makeba, l'artiste est arrivée en dansant sur un extrait remixé du morceau. Véritable gourou de scène, elle a fait danser le public avec un concert progressif, à la fois électro et accessible - et ce en étant seule sur scène pendant 90% du show. Le concert s'est achevé après que Jain ait slamé sur le public dans une bulle géante, comme elle l'avait déjà fait au Garorock.

     

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

    Les grandes dames du festival ODP

     

    Les grandes dames du festival ODP

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    Emmanuel B. Courau est un féru de mode et d'histoire ; il a lié ses deux passions en créant des costumes d'époque. Penché au-dessus de sa machine à coudre, dans l'atelier qu'il a aménagé à son image, il nous parle de ce milieu particulier qui réunit couturiers, conservateurs de musées et amoureux de crinolines.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Peux-tu te présenter ?

     

    Je m'appelle Emmanuel Courau et j'ai 25 ans. Je suis tailleur et costumier, spécialisé dans l'histoire du costume et dans la création du costume d'époque, ainsi que dans ses accessoires : les perruques, les chapeaux, les postiches, corsets, broderies...

     

     

     

     

    D'où t'es venue cette passion pour le costume d'époque ?

     

    En fait tout a commencé pour un Halloween, j'avais 18 ans et je m'étais lancé dans un costume vaguement d'époque. Avant j'étais davantage passionné dans le mobilier d'époque ; ce sont deux intérêts, les costumes et le mobilier, qui sont liés, mais qui ont évolué différemment. Mes cours d'histoire ont joué un rôle très stimulant. Le point commun est de parvenir à créer un environnement cohérent et confortable, une atmosphère, comme le font les collectionneurs. J'ai toujours besoin de planter un décor, par confort et habitude. Chez moi, le mobilier, les porcelaines et les chandeliers sont tous datés entre 1740 et 1830, mais j'aimerais y ajouter des pièces de designers contemporains. Au final, ma passion des antiquités est presque devenue un mode de vie.

     

     

     

     

    Quelles sont tes inspirations ?

     

    Je suis toujours à la recherche de nouvelles gravures, de peintures, de pièces authentiques qui me donneront des idées. Je suis également très inspiré par certains films historiques, par des documentaires. A Paris, le Palais Galliera et le Musée des Arts Décoratifs sont des sources d'influences majeures pour mes costumes ; à Bordeaux, je visite régulièrement les antiquaires pour me donner des idées de mobilier, et de temps en temps le Musée des Arts Décoratifs et du Design.

     

     

     

     

    As-tu déjà hésité entre la création de pièces contemporaines et de costumes d'époque ?

     

    C'est un choix qui se propose toujours à moi, mais le costume tel que j'aime le faire est une niche dans laquelle la concurrence est moindre. Et puis c'est aussi ce que j'aime le plus faire. Je vais moins naturellement vers le contemporain, qui demande d'autres notions mais où la possibilité de création est tout aussi importante.

     

    Quelles techniques utilises-tu pour réaliser tes costumes ?

     

    J'essaye d'employer les mêmes techniques que dans le passé, pour obtenir des rendus similaires ; ces techniques, je les ai apprises en discutant avec des collectionneurs, des conservateurs de musée, des marchands de vêtements anciens, des costumiers... Mais malheureusement le budget des clients ne suit pas toujours ; d'ou l'intérêt de réaliser parfois des costumes plus simples et moins précis dans des matières moins naturelles,  mais j'y ajoute toujours des dentelles et des fourrures d'époque, pour donner un aspect authentique.

     

     

     

     

     

     

     

    Toi et les aficionados du costume d'époque, vous formez une communauté particulière ; comment vous rencontrez-vous ?

     

    Lors d'événements costumés, de rendez-vous, de reconstitutions, suivant la région. Les passionnés dans mon genre sont assez rares, et il n'y a pas de profil-type ; il y a mille et un chemins pour en arriver au costume d'époque. On fonctionne beaucoup au bouche à oreille. Il y a beaucoup à partager, mais peu de connaisseurs. Je remarque tout de même que le costume d'époque intéresse davantage les gens aujourd'hui.

     

     

     

     

    Peux-tu me parler un peu de ces événements costumés auxquels tu te rends souvent ?

     

    Ils sont organisés par des spécialistes de l'événementiel ; ce sont toujours des associations, des châteaux ou des musées qui veulent faire vivre le lieu et le remettre au goût du jour. En général, le XVIIIe siècle est privilégié car c'est un siècle qui fait fantasmer, avec ses Lumières, ses nombreuses découvertes, le film Marie-Antoinette et sa mode accessible. En dehors des événements se tenant dans des lieux publics, certaines associations organisent des reconstitutions ; ce sont des événements plus discrets, plus spécialisés et qui accueillent moins de monde.

     

    Quelle est ton époque préférée et pourquoi ?

     

    J'adore la fin du XVIIIe siècle, pour les raisons que je viens de citer, et puis pour l'élégance de cette période, l'atmosphère à la fois simple et travaillée qu'elle dégage, le paradoxe qu'elle propose, entre pauvreté et raffinement. J'aime aussi beaucoup le XXe, très moderne, où la société était encore enfermée dans un carcan vestimentaire mais où beaucoup de choses ont été créées.

     

     

     

     

    Comment gagne-t-on sa vie dans le milieu du costume d'époque ?

     

    On la gagne. Chacun sa spécialité : costume de théâtre, cabaret, corseter, ou comme d'autres costume d'époque, ou encore tout à la fois ! Ce sont des particuliers qui achètent des costumes d'époque sur-mesure, par passion. Pour une robe dite "à la française" du XVIIIe siècle, comprenant une chemise, un corset, des paniers, une crinoline, deux jupons, une jupe et un corsage, je touche entre 1 000 et 1 500€, selon les matières utilisées et l'ornementation ; mais je vends rarement des pièces complètes, à peu près trois ou quatre fois par an. Le plus souvent, des particuliers m'achètent des corsets et des perruques, ou des robes. 

     

     

     

     

    Parle-moi de l'atelier dans lequel tu travailles...

     

    J'ai d'abord travaillé chez moi pendant un an, mais c'était très fatigant d'avoir sans cesse de la poussière et du tissus dans mon habitat, et c'était difficile de gérer son temps. Je connaissais déjà l'Atelier Lipstick par l'amie d'une de mes collègues d'atelier ; j'ai rencontré l'une des filles qui quittait l'atelier à un vernissage, et j'ai décidé de m'y installer. Trouver un atelier partagé abordable n'est pas chose facile à Bordeaux, donc je n'ai pas hésité trop longtemps.

     

     

     

     

     

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    Vous pouvez retrouver Emmanuel B. Courau  sur Facebook et Instagram !

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