• Aimé Pestel, dessinateur bordelais : "Mon travail est dédié à la beauté du corps"

     

    Aimé Pestel est un jeune dessinateur bordelais qui a décidé de s'engager artistiquement en mettant en avant des corps et sexualités, notamment de personnes transgenres (dont il fait partie) ou de travailleur.euse.s du sexe. Rencontre avec un artiste minimaliste au message fort.

     

     

     

    Aimé Pestel, dessinateur bordelais : "Mon travail est dédié à la beauté du corps"

     

     

     

     

     

    Comment en es-tu venu à dessiner ? 

    Quand j'étais enfant je voulais être dessinateur de bandes dessinées. Ma scolarité a été particulièrement difficile à partir du collège, donc j'ai arrêté de faire les choses qui me faisaient du bien quand j'étais plus jeune. J'ai ensuite fait des études de psychologie sociale (peut-être aussi pour comprendre ce que j’expérimentais dans la vie). Après mon diplôme, j'ai commencé une étude indépendante sur les représentations sociales de l'homosexualité féminine, pour questionner ce que signifiait, au regard des personnes concernées, être une femme et être lesbienne. Par la suite j'ai rencontré mon ex, grâce à qui je me suis remis à dessiner. C'était le début de beaucoup de projets. Après notre séparation, j'ai à nouveau fait une pause, puis j'ai repris doucement, jusqu'à ce que je démarre, d'abord en résidence artistique ma série « Autistic Perspective of... », que j'ai poursuivi en collaboration avec mon partenaire d'existence, Shama (qui est écrivain), puis celle sur l'astrologie « Beyond Us / Inside You » et enfin ma série « Self-Glorification », dédiée aux corps trans, et maintenant aux sexualités des personnes queer. J'ai aussi démarré une série sur les Sex-Workers, qui devrait normalement s'étoffer dans les prochains mois.

     

    Comment décrirais-tu ton style ?

    Je dirais déjà qu'il est très minimaliste, car avec ma structure neurologique j'ai besoin de ça (je suis autiste, chez moi ça se traduit comme ça, entre autres). Je dessine presque seulement en noir et blanc, c'est un parti pris personnel, dans la mesure où j'aime beaucoup le travail très coloré d'autres artistes. J'envisage de peut-être essayer la couleur par la suite, mais pour l'instant j'aime rester dans quelque chose de simple qui permet une libre interprétation à qui regarde (bon, excepté la part explicite, of course!). Basiquement, une grande partie de mon temps de dessin consiste à observer scrupuleusement les photos que l'on m'envoie, à en cerner les courbes, les reliefs et les ombres. Je passe aussi beaucoup de temps à me demander par quel trait commencer ! (rires) Ça peut être long ! Après j'utilise du matériel très simple : des critériums et des stylos noirs très fins.

     

     

     

     

     

     

    Trois artistes qui t'inspirent ? 

    Je dirais Tango Gao car j'adore la poésie et la simplicité de ses dessins, Daniel Arzola car c'est très graphique avec beaucoup d'empowerment ; en plus il est très investi dans la communauté LGBTQIA+ et il est autiste aussi ! Il y a aussi Rose Butch avec qui j'ai hâte de faire une collaboration (c'est prévu, et on y arrivera !). J’aime aussi beaucoup les univers d’Anna Wanda Gogusey et de Tarmasz (sorry, ça fait cinq, et encore je me retiens ! Mais tout le travail de ce beau monde est sur Instagram en tout cas !). Enfant j'étais passionné par l'art, et notamment la peinture, j’adorais Van Gogh, Matisse et Magritte, pour ne citer qu'eux. 

    Peux-tu me parler de tes séries « Self-Glorification » et « SexWorkers » ? Quel sont les messages que tu veux faire passer à travers tes oeuvres ?

    Dans les deux cas il s'agit de séries pleinement dédiées à la beauté du corps, notamment trans / inter, mais aussi à celle de tous les corps hors-normes, et de notre droit fondamental à en disposer nous-mêmes, à nous aimer tel.le.s que nous sommes. Le corps est objet de représentations. Nous devons apprendre ou réapprendre à l'aimer, à le glorifier, car c'est lui qui abrite notre sensibilité propre, la manière dont nous abordons ce monde et ce que nous lui envoyons comme message. Il est dynamique. Alors je crois que plutôt que d'être emprisonné.e dedans, nous devons tout faire pour nous rendre libre et nous défaire des injonctions sociétales, qui nous poussent très souvent à l'inverse, à la dépréciation, à la comparaison, au dégoût de soi, et à la dépression. Nous méritons mieux. Le Yi King dit « La vraie beauté résulte d’une parfaite correspondance entre ce que nous sommes et ce que nous montrons ». Le travail de toute une vie !

    Tu es très actif sur Instagram. Comment décrirais-tu l’impact qu’ont eu les réseaux sociaux sur ton travail ?

    Et bien j'avais déjà ma page Facebook depuis un moment mais je dirais que le vrai démarrage a surtout été à partir de mon arrivée sur Instagram. Étant une appli plus "visuelle" et artistique que d’autres et ayant un profil public, ça m'a permis de gagner en visibilité. Je m'amuse beaucoup à faire des stories aussi, ça rythme un peu mon quotidien, même si bien sûr avec les aléas existentiels il m'arrive de temps en temps de disparaître un peu. Mais c'est chouette du reste, et Shama m'aide bien, on est vraiment un bon duo de travail, c'est quelque chose qui fait pleinement partie de notre relation ! Et sinon je vais bientôt dessiner des personnes qui ne sont pas en Europe ! Donc globalement je trouve ça assez génial en terme de possibilités.

     

     

     

     

     

     

    Comment peut-on acheter tes dessins ? Peut-on te passer commande ?

    Oui ! J'ai un Etsy, mais je préfère le côté alternatif et un peu plus cosy qu'il y a quand des personnes me contactent en DM sur Insta, et c'est tout aussi simple avec Paypal ! Donc à voir, je fais le test, pour l'instant mon shop est ouvert dessus. En tout cas, aucun problème  pour me contacter via Facebook ou Instagram, je réponds !

     

     

     

     

     

     

    Quels sont tes projets ?

    Si tout se passe comme prévu, les mois de septembre et octobre vont être bien chargés ! En principe j'ai une expo de 2 mois à la Rainbow House à Brussels, dès septembre. J'ai aussi normalement la Pride Edition du Paris Night Market en Octobre (déplacé à cause de la canicule) ainsi qu'un projet avec Océan ! Et enfin, je dois me rendre à Toulouse pour exposer dans le cadre d'une Kino Porno. Je donnerai toutes les infos sur les réseaux ! Let's keep in touch !

     

     

     

     

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