•  

    Jeudi 18 mai, Kid Francescoli et Julia Minkin, accompagnés d'un batteur, ont joué de leur électro planante, dansante et sensuelle au Krakatoa, à Mérignac. Le duo, un DJ venu de Marseille et une chanteuse née à Chicago, mixe la french touch et la pop américaine avec brio, en toute élégance et simplicité. Ils étaient suivis par leur confrère et producteur, le DJ French 79, qui a achevé de dynamiter le public sur ses rythmes techno.

     

    Rencontre avec Kid Francescoli et Julia Minkin, et avec leur dernier album, Play me again.

     

     

    Kid Francescoli et Julia Minkin : un duo électrique

     

     

    Pouvez-vous vous présenter respectivement : qui êtes-vous, d'où venez-vous et comment en êtes-vous venu à la musique ?

     

    Kid Francescoli : Je m'appelle Matthieu Hocine, je suis né à Marseille mais j'ai longtemps vécu à Paris. J'ai découvert la musique au lycée, en autodidacte, en écoutant les disques de Nirvana, de Queen... Play me again, c'est mon quatrième album en tant que Kid Francescoli et mon deuxième avec Julia. Je fais aussi partie des groupes Osbourne et Tiger Moutain.

     

    Julia Minkin : Je m'appelle Julia, et je viens de Chicago. Je jouais de la harpe quand j'étais petite, j'ai découvert la musique comme ça, et j'ai aussi fait partie d'une chorale ; c'est un peu par hasard si je vis maintenant de la musique à Marseille.

     

    Quelles sont vos inspirations respectives ?

     

    Kid Francescoli : Je suis inspiré par la musique, en général ; par une nouvelle compil, par ce que je découvre sur Internet... Même si les thèmes de ma musique sont basés sur des expériences de vie, des rencontres, pour composer je vais chercher mes inspirations dans la musique.

     

    Julia Minkin : Je suis inspirée par beaucoup de musiques différentes, même si ce sont souvent des chanteuses à voix, avec des paroles qui touchent. Je lis aussi énormément de poésie, des poètes américains... J'ai essayé de lire des poèmes en français, mais je n'ai rien compris (rires) ! Un jour, quelqu'un m'a mis un poème de Rimbaud entre les mains, mais je ne maîtrise pas encore assez bien le français...

     

     

     

     

     

    Matthieu, vous venez de Marseille, et quand vous avez commencé la musique l'ambiance y était plus rap qu'électro-pop. Avez-vous eu le sentiment d'être à contre-courant musicalement parlant à cette époque dans votre ville ?

     

    Kid Francescoli : Pas à contre-courant, mais c'est vrai qu'à l'époque je jouais de la pop folk, et, bon, je ne le criais pas sous tous les toits... (rires) Mais il n'y avait pas d'opposition à proprement parler. Moi-même j'ai intégré le rap assez vite, en tant qu'ingé-son j'ai notamment fait une compil en studio du groupe mythique de Marseille Funky Family et j'ai beaucoup appris auprès d'eux.

     

    Qu'est-ce qui vous a donné envie de passer de l'autre côté des lumières, de monter sur la scène en tant qu'artiste au lieu d'être ingé-son ?

     

    Kid Francescoli : J'ai toujours voulu être musicien, et il m'a semblé qu'avoir une formation précaire était le moyen le plus sûr pour produire en studio et ensuite revenir au rêve de départ. J'ai été inspiré par plusieurs producteurs, dont les Beach Boys, et je me suis lancé dans le live – alors que quand j'étais ingé-son, je trouvais que live était terriblement stressant.

     

     

    Kid Francescoli et Julia Minkin : un duo électrique

     

     

    Julia, dans Play me again, une chanson est en français, Les Vitrines. Est-ce que vous avez travaillé sur ce texte de la même façon que sur vos textes en anglais ? Qu'est-ce qui change, quand on chante dans une autre langue ?

     

    Julia Minkin : J'aime beaucoup le texte de Les Vitrines, je le trouve classe, et il est facile à comprendre. Mais je remarque qu'en français, j'ai une voix différente, plus nasillarde, le français est, comment on dit... ? Plus bas. Ça me demande plus de travail pour m'approprier une chanson en français, peut-être parce que je réfléchis trop quand je chante.

     

    Kid Francescoli : Alors que moi, c'est le contraire, je ne réfléchis pas quand je chante ! Et pour le coup, c'est quatre vingt dix neuf pour cents de l'album que je dois chanter en langue étrangère... Mais c'est clair que je me sens beaucoup plus à l'aise quand je chante en français, je n'ai pas à penser à l'accentuation, à la prononciation en même temps qu'à la rythmique...

     

     

     

     

    C'est assez difficile de catégoriser votre musique, on a dit que vous jouiez de l'électro-pop, de la « folktronica », de la « musique relationnelle »... Comment qualiferiez-vous votre musique ?

     

    Kid Francescoli : Je sais pas... « Pop », ça me semble bien, c'est un terme simple pour une musique simple. Je trouve ça absurde, cette complexification des catégories musicales, pour moi les Strokes ça reste de la pop. Mais au fond je pense que ce n'est pas forcément à nous de nous qualifier.

     

    Julia Minkin : Je n'ai rien à ajouter, quand on me demande je réponds que je fais de l'électro-pop.

     

    Matthieu, comment travaillez-vous ?

     

    Kid Francescoli : Je travaille avec Ableton Live et un peu de synthé analogique et un Mellotron, c'est un vieux sampler que les Beattles ou le groupe Air ont beaucoup utilisé, donc toute la pop que j'aime et qui m'inspire... J'essaye toujours de partir de quelque chose d'existant, que ce soit une rythmique, une ligne de basse, pour m'appuyer dessus et créer autre chose. J'enregistre une idée au moins une fois par jour, que ce soit un couplet ou juste un son. On utilise aussi un peu d'acoustique, surtout des guitares, des percussions et de la voix, et un peu de batterie, pour donner un côté « humain ».

     

     

     Résultat de recherche d'images pour "julia minkin play me again"

     

     

    Et comment travaillez-vous ensemble ? Avez-vous travaillé à distance, comme vous l'avez fait une période pour l'album With Julia ?

     

    Kid Francescoli : Julia est venue vivre à Marseille pour qu'on ait davantage de proximité, mais on travaille encore énormément chacun de notre côté, à part pour les enregistrements où on se donne des conseils. Sinon on compose chacun chez soi. J'ai besoin d'intimité pour composer ; en studio on est souvent avec beaucoup de monde, et c'est génial, mais il me faut de l'intimité pour créer, parce que... quand on crée, on essaye pleins de trucs et évidemment, il y a des ratés, que je préfère garder pour moi.

     

    Julia Minkin : Oui, je suis pareille, je préfère avoir de l'intimité pour me concentrer sur mes textes.

     

    Est-ce que ça a été difficile de faire collaborer un DJ et une chanteuse sur un style électronique qui s'entend souvent sans paroles ?

     

    Kid Francescoli : Je pense justement qu'il ne faut pas se cantonner à un style ; ajouter une voix permettait davantage de naturel, et de mélanger les genres. J'aime avoir l'impression de trouver ce qui n'a pas été fait, même si en soi presque tout a déjà été fait... J'imagine un mélange entre les Pachanga Boys et Billie Holiday, et ça me donne l'étincelle pour composer.

     

    Julia Minkin : Personnellement je n'avais pas beaucoup d'expérience, donc je n'ai pas été bloquée par la musique électro... Mais c'est vrai que c'est limitant pour les paroles, parce qu'on doit composer un texte qui fonctionne avec une mélodie en huit temps... C'est plus facile de composer pour du jazz, par exemple.

     

    Matthieu, vous disiez que dans la musique, presque tout a déjà été inventé ; vous pensez qu'il y a une fin à la création musicale ? Qu'on arrive à un stade où « tout a déjà été fait » ?

     

    Kid Francescoli : Il y a toujours à inventer, l'expérimentation est toujours possible, mais souvent je sais d'où vient la source de ce que je compose... Personnellement je sais que je fais de la musique de fan de musique ; je sais toujours d'où vient l'influence. Après il y a des génies, comme Franck Ocean, qui réussissent des choses incroyables et improbables, et qui prouvent que tout n'a pas été inventé ; mais la musique n'est pas infinie, il y a un nombre limité de notes.

    Résultat de recherche d'images pour "julia minkin play me again"

     

     

    Votre précédent album racontait une histoire, votre histoire, avec un début, un milieu et une fin ; vos clips aussi racontaient une histoire, avec un très beau travail cinématographique. Est-ce que pour Play me again, vous allez à nouveau nous raconter une histoire ?

     

    Kid Francescoli : Oui, et même plus que dans le précédent album. Les paroles de Play me again sont peut-être encore plus chargées en récit. Au final, l'album With Julia était très honnête, mais l'histoire s'est faite autour de la musique, parce qu'il y avait très peu de parole.

     

    Julia Minkin : Oui, et puis c'est amusant de voir des fois comment les gens interprètent nos musiques... Par exemple la chanson Disco Queen ne parle pas de moi, on voulait faire une chanson sur les gens qui croient tout savoir. Mais les mots font l'histoire, et les gens se l'approprient ensuite, et il en va de même avec une ligne d'accords...

     

    Kid Francescoli : Oui, une musique que je trouve triste peu sembler joyeuse à une autre personne... C'est très subjectif, la musique, et ce qu'elle raconte. Mais de manière général notre dernier album est plus cohérent, déjà parce que les morceaux ont tous été écrits au même moment, et puis parce qu'il y a davantage de thèmes communs... Il raconte une autre histoire : tandis que dans With Julia on racontait un peu ma découverte des Etats-Unis, là on redécouvre la France par les yeux de Julia, une américaine... Les paroles sont plus abouties, plus nombreuses.

     

     

     

     

     

    Est-ce que vous comptez à nouveau déployer cet effort cinématographique pour le second album ?

     

    Kid Francescoli : Non, ce sera moins cinématographique. Le clip de La Vitrine, qui est déjà sorti, est justement à contre-courant de ce qu'on a fait avant, pour éviter la redondance. Ce ne seront pas les mêmes réalisateurs que pour nos clips précédents, et ce sera dans un style plus graphique.

     

    Votre groupe a pas mal évolué : vous jouiez au début (2013) avec trois autres musiciens, dont la chanteuse Laetitia, puis avec Julia et les membres du groupe Tiger Mountain et Nasser... Aujourd'hui, avec qui travaillez-vous ?

     

    Kid Francescoli : Avec Tiger Moutain on est dans une relation de conseil, je leur demande leur avis... Pareil avec nos potes de studio, qui sont toujours de bons conseils. Il y a aussi Simon, bien sûr, de French77, qui joue après nous ce soir ; il a produit nos deux derniers album, et c'est celui qui reste le plus tard au studio... (rires) Je pense que je lui ai demandé conseil tous les jours ces quatre dernières années. Quand on passe toute la journée sur une mélodie, une rythmique, un avis extérieur permet toujours de prendre du recul. Je fais écouter mes morceaux à des potes à moi qui sont dans la musique, mais aussi à des amis qui ne sont pas musiciens, ça permet de replacer un peu mes compos dans le paysage musical actuel.

     

    Julia Minkin : Je demande l'avis de mes proches selon le projet sur lequel je travaille. Matthieu a une bonne oreille, mais pour avoir un avis sur les sonorités anglophones, je demande plutôt à ma sœur, Emily, qui est écrivaine.

     

     

    Kid Francescoli et Julia Minkin : un duo électrique

     

     

    Quelle différence entre le public des Etats-Unis et le public français remarquez-vous ?

     

    Kid Francescoli : J'ai fait seulement quelques concerts aux Etats-Unis, et c'était des petits trucs, des cafés-concerts, ce genre de chose ; j'avais emmené vraiment le minimum de matériel pour pouvoir jouer là-bas. Mais j'ai joué dans plusieurs pays, et j'ai pu remarqué que quand tu es étranger, tu attises la curiosité, on est super bien accueilli ; alors qu'en France... comme on dit, « nul n'est prophète en son pays ». Mais tu vois, une fois par exemple, on jouait dans un festival en Afrique du Sud où il y avait énormément de ragga, beaucoup de percu, et on se demandait comment s'en sortir avec notre simplicité rythmique ; mais au final le public était ravi, les gens nous disaient qu'on avait la « french touch ». On a de la chance, il y a pleins de pays qui n'ont pas cette aura, on peut remercier les précurseurs pour cette renommée.

     

    Julia Minkin : Avant de chanter avec Matthieu, la musique était pour moi plus un hobby qu'autre chose. Mais je dirais quand même qu'aux Etats-Unis le public est plus fou ; bon, c'est un énorme pays, mais culturellement les américains font plus de bruit, ils dansent plus.

     

    Kid Francescoli : Oui, c'est vrai, les français ne bougent pas trop, ils sont moins expressifs. C'est typiquement français, au début je me demandais pourquoi, et après j'ai réalisé que moi aussi, pendant un concert, même si la musique est super, je bougerais seulement la tête (rires).

     

    Si vous deviez me parler d'un seul concert, lequel choisiriez-vous ?

     

    Kid Francescoli : Fabien Berger à Mars Attack l'an dernier. Je l'ai trouvé attachant, talentueux, et il avait la communication parfaite avec le public.

     

    Julia Minkin : C'est un peu triste mais je n'ai pas vu beaucoup de concerts récemment, alors que je fais quand même ce métier par amour de la musique (rires). Mais je dirais que c'était le concert de The Do, il y a plus d'un an ; c'était la deuxième fois que je les voyais et c'était juste parfait, sans imperfection, vraiment. Même si la chanteuse a un peu un personnage de folle, elle a une voix parfaite.

     

     

    Kid Francescoli et Julia Minkin : un duo électrique

     

     

    Quels sont vos projets futurs respectifs ?

     

    Kid Francescoli : Déjà, pousser cette tournée le plus loin et le plus longtemps possible. J'aimerais faire une année en France, et après jouer dans les pays limitrophes, voire plus... Et je participerai peut-être, ce n'est pas encore sûr, au prochain album d'Osbourne.

     

    Julia Minkin : De même, j'espère une longue vie à l'album. Même si mon visa expire bientôt (rires), j'espère pouvoir continuer à écrire et chanter en France ; je ne veux pas forcément m'expatrier pour toujours, mais c'est vrai que je n'ai pas trop envie de rentrer maintenant, par rapport à l'élection de Donald Trump... Je me sens un peu traître en un sens, parce que je vois tous les gens autour de moi qui s'engagent, et moi je fuis... Mais un jour peut-être que j'exprimerai ça dans une chanson.

     

     

    Kid Francescoli et Julia Minkin : un duo électrique

     

     

    Par Sarah Perrin et Adrien Bazoin

     

    _________________ 

     

    Pour plus de photos, d'infos et de jeux concours, suivez Next sur Facebook et Instagram !

     


    5 commentaires
  •  

    Qui est Gauvain Sers, le jeune chanteur de 26 ans qui accompagne Renaud dans son Phénix Tour ? Interview du petit protégé d'une légende vivante de la musique française, en concert à Bordeaux le 6 avril à la Patinoire Meriadeck.

     

    Gauvain Sers, le jeune protégé de Renaud

     

     

    D'où est venu ton attrait pour la musique ?

     

    Petit, mon père était passionné par la chanson française, par Brassens, Brel, qu'on écoutait beaucoup dans la voiture, pendant les vacances. Adolescent, j'ai commencé à écrire des textes, puis à jouer de la guitare, et finalement j'en suis venu assez naturellement à faire des concerts.

     

    Quelles sont tes inspirations musicales ?

     

    J'ai énormément d'inspirations, j'espère un peu être un mélange de ce melting-pot artistique. Je suis évidemment énormément inspiré par les grands chanteurs français, Jean Ferrat, Renaud bien sûr, Souchon,et puis aussi par des compositeurs anglophones, comme Neil Young ou Bob Dylan.

     

    Tu es passé d'une classe prépatoire scientifique au monde de la musique. Comment s'est passé cette transition ? Elle a été bien accueilli par ton entourage ?

     

    Ça n'a pas été aussi brutal, j'écrivais déjà quand j'étais en école d'ingénieur. En fait je voulais aller jusqu'au bout, obtenir mon diplôme pour m'assurer une sécurité ; mais à aucun moment je n'ai regretté d'avoir choisi le monde de la musique. J'avais au fond de ma tête un petite voix qui me disait de suivre cette route, et j'ai bien fait de l'écouter. Evidemment, au début, ma mère était très inquiète : le monde de la musique est très aléatoire, et le statut d'intermittent est comme une épée de Damoclès au-dessus des têtes des artistes. Mais j'ai de la chance, ça se passe très bien, et maintenant ma mère est rassurée (rires).

     

    Comment décrirais-tu ta musique ?

     

    Je dirais que c'est de la chanson française, avec des teintes de folk dans l'accompagnement à la guitare. J'écris des chansons en rapport avec l'actualité et le quotidien, des chansons d'amours, des chansons sociales, des chansons coup de gueule... J'aborde vraiment des sujets très différents. J'écris des chansons classiques dans la forme et, je l'espère, modernes dans le fond.

     

    Tu as 26 ans, et tu viens de signer chez Universal, tu as été dans des émissions aux côtés des plus grands : comment vis-tu ce succès ?

     

    C'est beaucoup de joie... Dans le milieu musical, ce n'est pas facile d'être considéré, reconnu, ce n'est vraiment pas évident. Dans l'émission dont tu parles, c'était vraiment particulier, j'étais à côté d'artistes que j'admirais depuis toujours... Mais c'est une immense joie, et beaucoup d'excitation : les concerts se passent très bien, l'important est de ne pas prendre la grosse tête ! (rires)

     

    Comment s'est faite ta rencontre avec Renaud ?

     

    La première fois qu'on s'est réellement rencontré, en face à face, c'était au Café de Montparnasse, il m'avait donné rendez-vous. La première chose qu'il m'a dit, c'était qu'il prenait un risque en me mettant en première partie de son concert au Zénith. Mais il a été très gentil, très généreux, et drôle. Il était déjà très emballé par ce que je faisais, et une demi-heure plus tard on est allé chez lui pour jouer de la musique, parce que Renaud n'avait entendu que deux chansons et il avait envie de voir ce qu'on savait faire d'autres. Il est vraiment tel que je l'imaginais, c'était une belle confirmation.

     

     

    Gauvain Sers, le jeune protégé de Renaud

     

    Te dirais-tu plus inspiré par la musique actuelle de Renaud ou celle qu'il faisait dans les années 70-80 ?

     

    J'aime bien toutes ses périodes, quand il était jeune et fougueux et qu'il tapait un peu sur tout le monde c'était assez jubilatoire, mais c'est vrai que Mistral Gagnant et Morgan de toi sont ses deux albums que je préfère. Mais j'adore aussi A la belle de mai, sorti dans les années 90... C'est vrai que ses albums les plus récent sont peut-être un peu plus arrangés, et je suis un peu moins fan. Mais je trouve que ces évolutions musicales retracent bien son parcours : on a d'abord sa fougue de jeune, ses coups de gueule, puis ensuite quand il est devenu papa, il a davantage écrit sur ses rapports avec sa fille, sur la paternité... Et aujourd'hui, il écrit des chansons tournées vers le passé. En fait, sa musique trace le fil rouge de sa vie.

     

    Tu as hâte de passer de première partie à tête d'affiche ?

     

    Oui, bien sûr, forcément. C'est une chance immense que de faire la première partie de Renaud : on joue à chaque fois dans des salles superbes, devant 6 000 personnes minimum... Mais c'est un peu frustrant, on ne joue que 5 morceaux, et j'ai envie de faire découvrir le reste de mon univers. Ce qui va vite arriver : ma tournée débute en octobre. En attendant, je profite à fond des derniers concerts avec Renaud !

     

    D'où t'es venu l'inspiration pour écrire Mon fils est parti au Djihad ?

     

    En fait j'avais lu plusieurs témoignages de parents dont les enfants ont été endoctrinés, j'avais déjà envie de comprendre avant le Bataclan et le battage médiatique qu'il y a eu ensuite autour de ce phénomène. J'ai lu un témoignage en particulier qui m'a énormément marqué, et m'a donné envie d'en faire une chanson. C'est vraiment quelque chose qui peut arriver à Monsieur et Madame Tout le Monde, il ne faut pas blâmer les parents : c'est ce que j'ai voulu exprimer dans ce texte.

     

    A qui destines-tu cette chanson ?

     

    A tout le monde, bien entendu ; mais si ça peut faire réfléchir un ado perdu, ce serait le plus des cadeaux. Et puis aux parents, évidemment, qui sont victimes de l'endoctrinement de leurs enfants.

     

    Tes textes sont engagés politiquement (Hénin-Beaumont) : que penses-tu de l'actualité politique ? Tu pourrais faire une chanson sur les élections présidentielles ?

     

    Oui, ça pourrait être un sujet. Il se passe tellement de choses en ce moment... Chaque semaine il y a des affaires différentes, la campagne présidentielle française est si imprévisible... Entre ce qui s'est passé aux Etats-Unis, la montée du Front National, les affaires juridiques à qui mieux mieux, ça fait assez peur. Et puis les gens n'ont plus l'air de s'intéresser à la politique, c'est assez déprimant.

     

     

     

     

    Renaud avait affirmé son soutien à Mitterrand, puis son désaccord avec le tournant de la rigueur en 83 ; il s'est engagé pour des luttes identitaires, dans la Marche des Beurs... Est-ce que tu pourrais réellement t'engager politiquement, pour un candidat ou un parti ?

     

    Oui, bien sûr, si je suis emballé par un programme ou un candidat ; mais je ne sais pas si je l'afficherais dans les médias. Je ne sais pas, peut-être que ça relève du privé. C'est sûr que les artistes ont plus de visibilité, plus d'audience pour parler de ce genre de choses, pour pousser à l'engagement, ils parlent à beaucoup de gens, ça peut faire bouger les choses. Il y a tellement de causes à défendre... Moi, personnellement, je me sens très concerné par la cause des sans-abris : ça me révolte qu'en France, en 2017, il y ait encore des gens qui dorment dans la rue. Il y a d'ailleurs un texte dans mon album qui sort prochainement, qui raconte l'histoire d'un clochard ; c'est une manière pour moi de m'engager. J'en ferais plus quand j'aurai davantage de temps.

     

    Quel est ton meilleur souvenir de scène ?

     

    Il y en a énormément ! Je dirais, mon premier concert en tant que tête d'affiche, la semaine dernière à Paris, et aussi la première date avec Renaud, c'était magique.

     

    Et ton pire souvenir de scène ?

     

    Laisse moi réfléchir... Je touche du bois, je n'ai jamais eu pour l'instant de grosse galère technique en plein concert. Par contre, ça m'est déjà arrivé de casser une corde de guitare en plein concert. Heureusement, Martial qui m'accompagnait avec prévu une autre guitare, donc on a évité le pire (rires).

     

    Ton premier album sort le 9 juin, qu'est-ce qu'on pourra trouver dedans ?

     

    Eh bien pleins d'autres chansons, qui retracent là aussi le fil rouge de ma vie... Je suis originaire de la Creuse, et maintenant je vis à Paris, donc mon album repose vraiment sur ces deux aspects, campagne-capitale. J'ai donc des chansons qui parlent de la ruralité avec Sur ton tracteur, un texte sur le poulet du dimanche, et puis d'autres textes beaucoup plus urbains, sur le bus ou un sans-abris. C'est un album pleins de surprises.

     

    Renaud te présente comme « l'avenir de la chanson française ». Est-ce que tu envisages à un moment dans ta carrière de faire des textes en anglais et de t'exporter à l'international ?

     

    Non, pas du tout. Je ne me sentirais pas à l'aise avec des textes en anglais ; je t'avoue que mon niveau d'anglais n'est pas terrible, et en plus je trouve que la langue française est très riche, suffisamment riche pour qu'elle guide toutes mes compositions.

     

    Quels sont tes projets ?

     

    Mis à part mon album qui sort prochainement et ma tournée en octobre, j'aimerais bien faire un recueil de textes en parallèle sur la vie de tus les jours. Ce serait de la prose, pas vraiment un roman mais pas vraiment des chansons non plus, plutôt des mini-scènes de la vie quotidiennes qui m'inspirent, sur le café, sur la rentrée scolaire... Je suis inspiré par le quotidien, par la beauté du banal.

     


    votre commentaire
  •  

    Le groupe Deluxe réalise en ce moment sa tournée dans toute la France pour son deuxième album indie-funky-soul Stachelight. A l'occasion de son futur concert à Bordeaux, le 24 mars à La Médoquine, le saxophoniste, Pépé, a accepté de répondre à nos questions.

     

    Résultat de recherche d'images pour "deluxe moustache"

     

    Peux-tu me raconter comment s'est formé le groupe ?

     

    Au départ, c'est un noyau dur de trois personnes : Kilo à la batterie, Pietre à la guitare, Kaya à la basse, qui se connaissent depuis vingt ans. Ensuite, Soubri qui est aux percussions et moi-même les avons rencontré ; on était tous sur les mêmes bancs d'école d'Aix-en-Provence. On était déjà tous passionnés de musique ; quasiment tous les membres du groupe ont appris à jouer en autodidacte, Kaya et moi avons fait le conservatoire mais l'essentiel a été appris sur le tas, sur scène ou dans la rue. Ça fait aujourd'hui 10 ans qu'on a fait de la musique notre métier. Lili, la chanteuse, a intégré le groupe il y a 6 ans ; c'était l'élément manquant de notre groupe.

     

    A vos tout débuts, vous jouiez dans les rues d'Aix-en-Provence ; diriez-vous que cela a été formateur ?

     

    Je dirais même que c'est ce qui nous a permis d'être aussi bons sur scène. Jouer dans la rue devant dix personnes ou jouer sur scène devant dix-mille personnes, c'est la même chose, c'est aussi stressant ; l'émotion n'est pas la même, mais tu te donnes autant. Déjà quand on jouait dans les rues, on avait des costumes, on essayait de créer une dynamique, des débuts de scénographie. Ce qui est différent maintenant, c'est qu'on a des moyens plus importants. Mais on a toujours été le genre de groupe à faire des albums pour pouvoir monter sur scène ensuite, c'est ce qu'on aime, le contact avec le public, l'énergie.

     

    Pour votre premier album, vous avez travaillé avec les Chinese Man. D'où est venue cette collaboration ?

     

    En effet, les Chinese Man nous ont bien aidés à nos débuts. Notre rencontre s'est faite totalement par hasard : quand on jouait dans la rue à Aix-en-Provence, on a croisé Zé Matéo, un des trois DJ des Chinese Man, et il nous a proposé de faire un premier E.P. Les Chinese Man ont produit notre premier album The Deluxe Family Show, mais depuis nous avons monté Nanana Production, et Stachelight est sous ce label.

     

     

    Deluxe : des rues d'Aix-en-Provence aux grandes scènes nationales

     

     

    Je vais vous poser une question qu'on a vous a déjà posé des centaines de fois... Mais pourquoi la moustache ?

     

    Alors en fait, quand on a rencontré Lili, on n’y arrivait pas du tout avec les filles ; et Lili nous a conseillé de porter des moustaches, en nous disant que ça aiderait. Mais ça ne marche toujours pas...

     

    Qu'est-ce que vous écoutez quand vous êtes tous ensemble en tournée ?

     

    Plein de choses ! Autant des vieux groupes que des plus modernes. En ce moment, on écoute beaucoup Anderson .Paak et The Roots, et puis toujours Beat Assaillant, Marvin Gay... Et dans les choses plus modernes, on aime beaucoup Ed Sheeran. On a vraiment des influences variées. On essaye d'être à l'écoute des choses du moment sans délaisser les musiques qui nous ont bercées depuis toujours.

     

    La majorité de vos chansons sont en anglais. Pourquoi ce choix ?

     

    C'est à l'image de ce qu'on écoute, la plupart des musiques qui nous inspirent sont en anglais. Et puis notre chanteuse Lili est franco-américaine, elle est bilingue, donc le choix de l'anglais n'a posé aucune difficulté. Mais il y a quand même deux morceaux en français dans Stachelight, avec IAM et Matthieu Chedid... Et puis ce n'est pas encore sûr pour le moment, mais on pense faire une chanson en français pour le prochain album.

     

     

     

     

    Justement, vous avez collaboré avec plusieurs artistes, comment se font vos featuring ?

     

    A chaque fois qu'on fait des featuring, on veut toujours avoir rencontré la personne d'abord, avoir discuté et échangé. On n'a jamais fait de collab en ayant juste discuté avec quelqu'un de connu sur Internet. Que ce soit avec Matthieu Chedid, Youthstar, Taiwan, IAM, ce sont toujours de vraies rencontres. Par exemple, avec IAM, on peut vraiment dire que c'était une rencontre coup de cœur : on faisait leur première partie à la fête de la musique à Shangaï il y a trois ans, ils ont aimé notre show, évidemment on a adoré le leur. Du coup on leur a dit qu'on adorerait faire quelque chose avec eux, et six mois plus tard on a pu commencer à travailler ensemble.

     

     

     

     

    Quel est votre plus beau souvenir de scène ?

     

    Il y en a plein... On a adoré plusieurs scènes, c'est à chaque fois génial et à chaque fois différent. Le Solidays de l'été 2016 était vraiment incroyable : on s'est retrouvé devant 60 000 personnes, c'était la première fois qu'on jouait devant autant de monde ! C'était un truc de fou. Les Nuits de Fourvières, à Lyon, étaient aussi exceptionnelles : on jouait dans un amphithéâtre devant 4 500 personnes.

     

     

    Résultat de recherche d'images pour "deluxe by boby"

     

     

    Et votre pire souvenir de scène ?

     

    C'était à nos débuts, il y a 4-5 ans, dans un festival d'été dont je tairai le nom... On nous a jeté de la paille pendant le concert ; il pleuvait, les organisateurs avaient posé de la paille par terre, et il y avait des gens bourrés qui ont commencé à jeter de la paille mouillée sur la scène et les instruments. Ce n’était pas très sympa...

     

    Qu'est-ce que vous avez appris, depuis votre première tournée ? Est-ce que vous avez changé vos manières de faire ?

     

    Je dirais qu'en fait, on change de manières de faire toutes les semaines... Pas sur le fond, mais sur la forme. On essaye toujours de changer et d'améliorer notre manière de communiquer avec le public, d'organiser la setlist ; on fait évoluer la scénographie. Avant on avait moins de moyens, moins de lumière, maintenant on fait les choses différemment.

     

    Quels sont vos projets futurs ? Des ambitions à l'international, aux Etats-Unis ?

     

    On va déjà finir notre tournée, qui s'achève le 18 novembre au Dôme de Marseille. Ensuite, oui, pendant un an et demi, peut-être deux ans, on va se faire un peu oublier sur les scènes françaises pour aller voir comment se passent les choses à l'étranger, et puis aussi pour écrire notre nouvel album. Les Etats-Unis sont attractifs, bien sûr, ce serait génial de percer là-bas, mais il n'y a pas que ce pays qui nous intéresse ; la scène australienne a l'air dynamique et intéressant. Mais dans l'absolu, si on pouvait être écoutés partout dans le monde, aussi bien au Japon, en Amérique Latine ou en Afrique, ce serait super !

     

     

    En partenariat avec Bases Production et Vin Rouge Encre Noire

     

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique