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Par Next - on Bordeaux le 11 Novembre 2015 à 09:00
Du 10 au 25 octobre 2015 a eu lieu la 18ème édition des Vibrations Urbaines de Pessac. Cet événement annuel depuis 1997, se présente comme un festival des cultures de la rue : il met à l'honneur la musique dans tout son éclectisme et son actualité, avec en programmation des artistes comme les Bloody Beetroots et Tha Trickaz, les sports de glisse avec des compétitions internationales de skate et de BMX, le street art avec l'exposition de Shepard Farey et des performances de fresques réalisées en live, et la danse avec l'organisation de battles de breakdance.
J'ai pu assisté avec ARTS in Bordeaux à plusieurs de ces événements, dont je vais vous parler ici ; c'est vraiment un beau festival, donc n'hésitez pas à vous y rendre l'année prochaine, surtout que la plupart des événements sont gratuits !
Photo : Jocelyn Trembleau
Photo : mon portable (et ça se voit)
L'exposition OBEY / Shepard Fairey – à l'Artothèque de Pessac du 13 au 29 octobre (gratuit)
L'exposition, imaginée par Ulrich Deleppe et Valériane Mondot, s'est concentrée sur le travail sérigraphique du célèbre artiste américain Shepard Fairey. Initialement connu sur la scène du skateboard, il se met à 14 ans à dessiner et se fait connaître en 1989 pour la campagne de stickers Andre the Giant has a posse, mouvement street-art qui a abouti à la campagne Obey Giant en 1998. Celle-ci se dessine comme une parodie de propagande associé à une parodie de la marque capitaliste, et illustre l'attitude militante et engagée de Shepard Fairey : en 2004, associé à deux autres artistes, il réalise une série de posters « anti-war, anti-Bush » pour le collectif Post Gen, et en 2008 sa renommée devient internationale avec la création d'une série d'affiches en soutien à la candidature de Barack Obama aux élections présidentielles, qui lui a par la suite exprimé sa gratitude. Malgré son statut d'artiste reconnu, la police persiste à arrêter Shepard Fairey pour « graffitis », comme cela a été le cas à Boston en 2008 – l'artiste a été relâché sous caution.
Poster de Shepard Fairey "Anti-War Anti-Bush"
L'exposition OBEY à l'Artothèque de Pessac présente donc une partie de l'oeuvre de cet artiste street-art majeur : on peut notamment voir des skateboards OBEY et ses premières toiles sérigraphiées pour Obey Giant. On ressent à chaque fois l'influence des images de propagandes sur ses œuvres, avec des couleurs fortes comme le noir, le blanc et le rouge, et des slogans percutants plantés au milieu des toiles. Les clins d'oeil historiques et culturels sont nombreux, et souvent détournés pour appuyer ses engagements pacifistes. L'influence de la pop culture et de la science fiction est palpable, mais l'artiste reste à la pointe avec un style street art affûté, efficace et élégant.
Photo : Jocelyn Trembleau
L'exposition « Man vs Wild » - à la Salle Exposition du Cinéma Jean Eustache, du 15 au 24 octobre (gratuit)
Le Festival des Vibrations Urbaines a pour la 4e fois lancé son concours national d'art contemporain urbain, ouvert aux 18-35 ans résidant en France métropolitaine. Après sélection du jury sur les 86 participants, 15 artistes (A-MO, Aerosept, ALI, Gilen, Guillaume Henrich, Jaen, KEIM, Leyto, Livio Fania, Madame, Mickael Brana, Samnuts, SLY2, Vince, Waroox) ont du créer une œuvre unique sur le thème de « Man vs Wild : l'homme moderne face à la jungle urbaine», sur un support imposé.
Les rendus et les styles sont variés, à l'image de l'unicité de chaque artiste. L'exposition procure un agréable sentiment de fraîcheur et de nouveauté, et il est difficile de juger quelle toile est la meilleure. Les trois lauréats sont choisis par le public et des jurés à la fin de l'exposition.
Photo : Jocelyn Trembleau
Soirée Here I Come Spéciale VU – à la Salle Bellegrave le samedi 26 octobre, de 20h à 3h30 – 26€50 en prévente
Pour la première fois, le collectif Here I Come, sous le label X-Ray Production, s'est associé aux Vibrations Urbaines pour une soirée de clôture sous le signe de l'électronique. La Salle Bellegrave, en plein centre de Pessac, a donc accueilli les têtes d'affiche The Bloody Beetroots et Tha Trickaz, et les artistes DJ Netik, Twinztrack, Reid Hope King et Soopa Highration. L'organisation logistique était impeccable : qualité sonore, visuels diffusés sur un écran géant derrière l'artiste sur scène, lasers et lumières en rythme... Tout était destiné à exciter un public déjà surmotivé.
Photo : mon portable
Bien que la grande majorité des participants soient venus pour Tha Trickaz et The Bloody Beetroots, le public ne s'est pas laissé décourager par l'attente avant l'arrivée sur scène des deux têtes d'affiches. Saluons notamment la performance de DJ Netik, qui a enchaîné électro, dubstep et drum'n'bass avec brio et a su faire honneur à son titre de champion du monde de DMC, en mixant des titres comme Intergalactica des Beastie Boys tout en sachant varier son style avec des samples du groupe hip-hop Run DMC. On sent l'influence de 2Many DJ's ou Beat Torrent.
Sont ensuite arrivés les deux membres masqués de Tha Trickaz, Pho de Dirtyphonics et Dj iRaize de Tha New Team. Leur musique, ode électronique à la diversité culturelle de notre époque, fait directement penser à des artistes comme Chinese Man ou Wax Tailor, avec lesquels ils ont d'ailleurs collaboré, et constitue un croisement réussi entre hip-hop, dubstep et électro. De véritables fans se trouvaient dans le public et ont su rendre honneur aux deux Dj's.
Enfin, les Bloody Beetroots ont pris place sur une scène qui n'attendait qu'eux ; la soirée a su faire place belle aux artistes masqués. Ils ont su amener cette nuit électronique a son paroxysme avec le puissant son électro-punk qui les caractérise, accompagné de riffs de guitares et de nombreuses distorsions, le tout dans un rendu acid et électro violent. Le groupe italien a fait vibrer la salle de Bellegrave jusqu'au bout de la nuit, jusqu'à faire oublier au public le changement d'heure...
Live des Bloody Beetroots en 2009 sur leur track la plus connue, Warp 1.9
Les Vibrations Urbaines ont donc joliment réussi à proposer un festival jeune, dynamique, éclectique, et à donner une visibilité et une attractivité à une street culture encore trop souvent déconsidérée et stigmatisée. Skaters, graffeurs, riders, danseurs et DJ's de tous bords ont su donner aux cultures urbaines l'image qu'elles méritent, grâce au travail remarquable de la Ville de Pessac et de ses partenaires.
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Par Next - on Bordeaux le 12 Octobre 2015 à 19:53
Ce jeudi 8 octobre a eu lieu la soirée d’ouverture du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, au Rocher de Palmer à Cenon. Je m'y rendais pour ARTS in Bordeaux, et je vous informerai quand l'article sera publié sur cette plateforme.
19 :45 : Cérémonie d’Ouverture
La cérémonie d’ouverture, prévue à 19 heures, a fait salle comble. Se sont succédés sur scène des membres de l’organisation, qui nous ont présenté avec légèreté, humour et poésie le festival et ses jurés.
Cette 5ème édition du FIFIB se présente donc sous la couleur du rose, avec pour égérie un homme sensible, qui pleure des larmes bleues, « un homme comme il y en a beaucoup, finalement ». Le FIFIB, dès son ouverture, bouscule les préjugés et les idées reçues, et l’illustre en choisissant comme film d’ouverture The Lobster, du réalisateur grec Yorgos Lanthimos, qui mêle « absurde, romantisme, cynisme et poésie ». Le festival réunit 75 bénévoles et de (très) nombreux partenaires et sponsors, que la présentatrice remercie avant de présenter les jurés et les films en compétition, dans une vidéo moderne, pleines de surprises, d’esthétisme et d’énergie, sur la musique de l’artiste électronique mondialement reconnu Yuksek. La cérémonie se conclue par un enthousiaste : « Vive le cinéma, vive l’amour, vive la vie ! », et le festival s’ouvre sur son premier film.
20 :10 : The Lobster, de Yorgos Lanthimos
Le long-métrage The Lobster, de Yorgos Lanthimos, a obtenu le Prix du Jury de Cannes. Comment résumer ce film absurde, à la fois burlesque et tragique, passif et violent ? Le personnage principal se nomme David (Collin Farell), et il vient de se faire quitter par sa femme ; dans son monde, les célibataires ne sont pas tolérés ; ainsi un individu se retrouvant seul pour une quelconque raison a 45 jours à passer dans un hôtel pour trouver une compagne ou un compagnon. S’il échoue, il sera transformé en l’animal de son choix : David est d’ailleurs accompagné de son chien, feu son frère n’ayant pas réussi à se trouver de compagne…
On comprend vite que dans ce monde, il n’y a pas de place faite pour les nuances : dès son arrivée à l’hôtel, David, qui a vécu douze ans avec sa femme mais a eu une expérience gay lorsqu’il était à l’université, doit choisir s’il est homosexuel ou hétérosexuel. La solitude est à la fois présentée comme un danger pour soi et comme un retour à l’état animal. David, qui n’est pas très optimiste sur son sort, et a déjà choisi l’animal en lequel il voudrait être transformé : un homard, lobster en anglais. Tout le long du film, une voix mystérieuse de femme narre les évènements et les sentiments de David. Le film est en deux partie : la première a lieu dans l'hôtel, où les pratiques sont à la fois drôles et cruelles (un résident dissident ayant pratiqué l'onanisme, subira une humiliation matinale et devra pour expier sa faute mettre la main dans le grille-pain), le tout dans le cadre propre, clair et ordonné de cet hôtel intemporel. La deuxième partie est presque plus esthétique que la seconde : les scènes se déroulent dans la forêt, à la lumière naturelle. On y voit des animaux improbables, des paons, des dromadaires qui vaquent entre les arbres et le lierre, anciens humains condamnés à la vie animale parce qu’ils n’étaient pas parvenu à s’accorder avec autrui. On retrouve également l’actrice Léa Seydoux, en chef impitoyable de la tribu des Solitaires, où les règles sont presque plus absurdes que dans l'hôtel. La violence est plus évidente, elle n’est plus calfeutrée par la sophistication de l’hôtel ; allongé dans sa tombe, le visage mangé par les racines et la terre, jamais David n’a été plus proche de l’animal.
Le rythme est saccadé, difficile à suivre : les scènes s’enchaînent à un rythme lent, parfois presque statique, puis tout d’un coup surgit l’inattendu, le violent, l’absurde, le drôle, et le spectateur ne sait plus à quoi s’attendre. Car c’est cela que promet The Lobster : une perte de repères, des étonnements surfant sur un lac de beauté. La fin est à la hauteur du film, absurde, violente, perturbante ; comme si l’amour ne pouvait naître qu’entre deux êtres « d’une même espèce ».
22 :00 : foodtrucks et impressions
Après le film, les partenaires du FIFIB se dirigent vers le cocktail qui leur est réservé, tandis que les invités et spectateurs vont se restaurer aux foodtrucks et s’installer pour les concerts. Deux foodtrucks, El Taco Del Diablo et WayoWayo, pour des prix modérés, proposent des tacos, fajitas, chili con carne et autres mets épicés à base de fruits, légumes et viandes locales et biologiques ; même la cuillère est biodégradable ! Seul bémol : les foodtrucks ne vendent pas de boissons ni d’eau, et le bar ne fournit pas d’eau.
J’ai profité de ce moment d’accalmie pour interroger quelques spectateurs sur leurs avis et impressions sur le film. Si certains d’entre eux ont reproché au film ses longueurs et ont avoué avoir été mal à l’aise et fermé les yeux pendant les scènes de violence, tous ont salué son esthétisme (certaines scènes ont réellement l’air de tableaux), son esprit décalé et son scénario. L’un des spectateur l’a décrit comme étant « le théâtre de la cruauté ». The Lobster décrit les rapports humains jusqu’au paroxysme de leur absurdité.
22 :20 : DJ Set Dabeull
Etant à la projection du film, je n’avais pas pu assister au set de JudahWarsky commencé à 21 heures. En revanche j’étais présente pour la prestation de Dabeull, que l’on sent fortement influencé par les années 80 et 90, avec de la disco, du funk, beaucoup de voix samplées et chantées pour un rendu mélodieux. On sent le travail sur les lignes de basses funky autant que sur les vocales ; il est d’ailleurs décrit comme le Magnum de la Fonk. Le public, calme au début, a commencé à se déhancher sur les instrumentales envoûtantes.
23 :30 : DJ Set Scratch Massive
Scratch Massive joue sur les tonalités et les fréquences, sans se focaliser sur la basse. Il affectionne une certaine lenteur lourde, mélodique et hypnotisante, qui s’accélère parfois en même temps que notre rythme cardiaque ; on reconnaît bien là une touche purement électro. Sa musique est sombre, et l’artiste se décrit lui-même comme « deep dark electronic ». Le public, conquis par la bière du Bar à Pip (ou le café de l’Alchimiste !), s’est laissé envahir par le talent du DJ, et l’ambiance a fini de s’échauffer.
C’est donc avec des images plein la tête et un peu mal aux pieds que les participants à l’Opening sont repartis à une heure du matin. Les visages étaient souriants, et les impressions excellentes pour cette soirée d’ouverture, laissant présager de très beaux moments à venir jusqu’au 14 octobre…
2 commentaires -
Par Next - on Bordeaux le 4 Octobre 2015 à 19:28
Bonjour à tous !
Si je suis restée silencieuse aussi longtemps, c'est parce que je suis débordée c'est parce que j'attendais confirmation pour vous l'annoncer : je suis devenue bénévole auprès du webzine ARTS in Bordeaux.
Concrètement, en quoi cela va-t-il consister ? Je vais assister gratuitement à des événements culturels bordelais, et je rédigerai ensuite des articles à leur propos. Je commence ce jeudi avec l'opening du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, de 19h à 1h du matin au Rocher de Palmer à Cenon.
Bien entendu, mes articles seront visibles sur ce blog ! Je suis super contente, motivée et curieuse, c'est une chouette opportunité et j'espère réussir à rendre compte de ces événements !
Je remercie aussi les bientôt mille visiteurs sur ce bébé blog, malgré mon activité un peu irrégulière.
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